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Hors Série Finances News39
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FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°39 ]
SPÉCIALE EDITION COVID-19
Une réponse sanitaire ferme, un coût économique lourd Mesures sanitaires : Le Maroc déploie les grands moyens Entretien avec Mohamed El Youbi : «Je n’ai jamais été confronté à une urgence de santé publique de cette ampleur» Comité de veille économique : La machine à sous Entretien avec Mohamed Benchaâboun : «Les scénarii de reprise qui CNSS : Mesures fortes dans une période inédite Banques : Impacts tous azimuts sur le secteur Services financiers : La mobilisation des banques Bank Al-Maghrib sur tous les fronts Entretien avec Abdellatif Jouahri : «Nous retenons le scnéario d’une reprise en V» Banques participatives : Comment Bank Al Yousr accompagne ses clients Assurances : Les choix forts de l’ACAPS Assurances : FMSAR et FNACAM au chevet des intermédiaires Assurances : Le recouvrement et les placements sous pression se dessinent maintenant sont plus en “W” qu’en “V”» Soutien aux entreprises : La CCG pour éponger le risque CIMR : Plein engagement envers ses adhérents CDG Prévoyance : Continuité d’activité assurée Enseignement : La marche forcée vers la digitalisation ? Entretien avec Saaid Amzazi : Système éducatif, «Le défi majeur pour nous a été d’assurer coûte que coûte la continuité pédagogique» Services publics : Le coronavirus, un catalyseur vers l’administration 2.0 Justice : Le digital appelé à la rescousse Entretien avec Abdellatif Benaguida : Justice à distance, «Le virage digital a été entamé, mais il reste insuffisant» Innovation : Quand la pandémie dope la créativité Textile : La reconversion salutaire Tourisme : Entre morosité et reprise laborieuse Le secteur du tourisme face à la crise : Enjeux et défis
Immobilier : Fortement impacté, le secteur entame lentement sa reprise Entretien avec Mohamed Lahlou : Immobilier, «C’est le moment de lancer une assurance pour le locatif impayé» Agroalimentaire : Également perdants de la crise, les opérateurs proposent leur plan de relance Grande distribution : Comment le secteur s’est adapté Hydrocarbures : Le secteur traverse la crise avec sérénité Automobile : Une industrie résiliente, malgré un contexte difficile Automobile : Lancement d’offres innovantes Location de voitures : L’activité frappée de plein fouet par la conjoncture Logistique/Transport : Les opérateurs souhaitent des mesures au plus vite Entretien avec Hicham Mellakh : «On s’attend à des coûts importants liés au manque d’optimisation» Entretien avec Mehdi Cherif Alami : Transport/Logistique, «La crise actuelle a démontré la nécessité d’automatiser certaines opérations» Transport : Les opérateurs touristiques et les loueurs de voitures s’allient Transport interurbain : Les chauffeurs de taxi voient rouge Transport aérien : La RAM fortement impactée par l’arrêt des vols commer- ciaux Transport ferroviaire : L’ONCF... se remet sur les rails Cafés et restaurants : Une reprise timide et compliquée Application Wiqaytna : Plus de 2 millions de téléchargements
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Culture : SOS culture Cinéma : Clap de fin Spectacles vivants : En plein flou artistique Musique : Mise en sourdine Arts : Des vernissages disparus des calendriers Relance économique : Un plan très attendu
Mohamed Berrada, Professeur à l’Université Hassan II, ancien ministre des Finances
Saad Eddine El Otmani, De la sérénité
Les héros… de la libération
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Relance économique : Ce qu’ils en disent
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Abdellatif Mazouz, Ancien ministre et président de l’Alliance des économistes istiqlaliens
Lahcen Haddad, Député istiqlalien et ancien ministre
Abdeslam Seddiki, Economiste et ancien ministre
Mohamed Benchaâboun, Un super-héros ?
Abdelouafi Laftit, La force tranquille
Nasser Bourita, Pragmatisme
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Larabi Jaïdi, Economiste
Rachid Achachi, Docteur en sciences économiques
Hammad Kassal , Entrepreneur et professeur universitaire à Al Akhawayn
Moulay Hafid Elalamy , Un autre écosystème, Monsieur le ministre ?
Saaid Amzazi, Vers l’enseignement hybride, peut-être
Mohamed El Youbi, Monsieur covid-19
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EDITO
Directeur Général, responsable de la publication Fatima Zahra OURIAGHLI Directeur Administratif et Financier Leïla Ouriaghli Directeur des rédactions & développement David William Journalistes Charaf Jaidani Adil Hlimi Momar Diao Youssef Seddik Badr Chaou Chaimaa Abounaim Khalid Aourmi Révision Mohamed Labdaouat Directeur technique & maquettiste Abdelillah Chamseddine Mise en page Zakaria Beladal Assistante de direction Amina Khchai Administratif Fatiha Aït Allah Nahla Sehlal Département commercial Salma Benmakhlouf Samira Lakbiri Rania Benchaib
GOOD JOB ! Fatima Zahra OURIAGHLI
L
e Maroc commence petit à petit à revivre. Les gens reprennent une vie presque normale, économique et sociale dans un contexte loin d’être normal. Un corps étranger s’est invité dans notre quotidien, nous impo- sant un autre mode de vie, des comportements différents, un regard plus lucide sur le monde… Le coronavirus a forcé la terre entière à appuyer sur le bouton pause, pendant presque trois mois, poussant les habitants de cette planète à mener une profonde réflexion sur leur existence, leurs croyances, leurs certitudes.
La pandémie Covid-19 a ainsi balayé maintes convictions, remis en question plusieurs dogmes et, surtout, redistribué les cartes dans l’univers multidimensionnel de la mondialisation. Ce bouleversement mondial, le Maroc n’y a pas échappé. Mais pris dans les turbulences inhérentes à cette crise, il a su avoir la bonne réaction. Oui, les autorités marocaines ont très bien géré cette crise, privilégiant la santé des citoyens aux considérations économiques. Si la mise en place de l’état d’urgence sanitaire, avec pour conséquence le confinement, a plombé l’économie nationale, elle a en effet permis de sauver des milliers de vie.
Certes, le tissu productif national en a pris un sacré coup. Mais l’Etat a essayé, autant que faire se peut, d’amortir le choc, en se montrant assez généreux. Il s’est ainsi affranchi du sacro-saint principe de l’orthodoxie financière, qui prône la préservation des équilibres macroéconomiques tant défendue par les différents gouvernements qui se sont succédé au Maroc. A travers le Comité de veille éco- nomique, des aides massives ont été ainsi octroyées aux entreprises, salariés et acteurs de l’informel. Les autorités ont donc fait le job, quand bien même ce n’est pas encore terminé, puisque la crise n’est pas encore finie. Loin de là. Reste une dernière épreuve à affronter : la relance économique.
Nous rendons hommage à toutes ces personnes emportées par la Covid-19, auxquelles nous dédions ce hors-série.
Impression Maroc Soir Distribution
Le plan de relance concocté, qui se doit d’être global et intégré, devrait permettre au Maroc de rattraper son retard économique dû à cette pandémie, et ce à travers l’accompagnement des différents secteurs et la création de conditions propices à une croissance vigoureuse et inclusive à la sortie de la crise. Il nous reste donc du chemin à faire. La gravité de cette crise sanitaire et ses conséquences désastreuses justifient que nous consacrions entièrement ce hors-série à ce sujet. De la gestion de cette pandémie au plan de relance, en passant par les impacts économiques et sociaux de cette crise, nous avons ratissé large afin de vous donner une vue à 360° de la situation. Nous vous souhaitons bonne lecture et, surtout, nous rendons hommage à toutes ces per- sonnes emportées par la Covid-19, auxquelles nous dédions ce hors-série.
Sapress Adresse 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca • Tél (0522) 98.41.64/66.
Fax : (0522) 98.40.22 Site web : www.fnh.ma
Édition JMA Conseil Autres éditions du groupe : Finances News Hebdo, Autonews, Laquotidienne et Boursenews.
F. Ouriaghli
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Une réponse sanitaire ferme, un coût économique lourd SPÉCIALE EDITION COVID-19
Saad Eddine El Otmani, chef du gouvernement : «Les mesures prises par le Royaume lui ont permis d’éviter le pire».
atteindre plus de 32 Mds de DH. Une enveloppe conséquente certes, mais à la mesure des besoins auxquels le Royaume fait face, à cause de la crise sanitaire et de sa conséquence dra- matique pour l’économie nationale : le confinement. Ce fonds spécial est ainsi consacré à la prise en charge des dépenses de mise à niveau du dispositif médical, en termes d’infrastructures adaptées et de moyens supplémentaires à acquérir dans l’urgence. Il sert, d’autre part, au soutien de l’économie nationale, à travers une batterie de mesures proposées par le gouvernement, notamment en termes d’accompagnement des secteurs vul- nérables aux chocs induits par la crise du coronavirus, ainsi qu’en
Le Maroc a choisi de donner la priorité à la santé et à la sécurité des citoyens, sans négliger le soutien à l’économie. Il faudra du temps pour remettre sur pied l’économie nationale fortement chahutée. Les enseignements tirés de cette crise ont de quoi inspirer la Commission spéciale sur le modèle de développement.
L e Maroc aura été cité en modèle dans la gestion de la pandémie du coro- navirus. De l’apparition du 1 er cas le 2 mars chez un Marocain en prove- nance d’Italie à maintenant, tout a été mis en place afin d’assurer une gestion optimale de cette crise sani- taire. La réaction du Maroc ne s’est pas uni-
quement limitée au volet sanitaires, mais elle a également englobé les aspects économiques et sociaux. Et l’une des premières mesures prises a été la création, sur hautes instructions du Roi, d’un fonds spé- cial dédié à la gestion de cette pan- démie. Ce fonds, doté au départ de 10 Mds de DH, a rapidement grossi grâce à la contribution généreuse des entreprises et des citoyens pour
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matière de préservation des emplois et d’atténuation des répercussions sociales de cette crise. Priorité à la santé… La réponse sanitaire du gouverne- ment a été ferme et sans équivoque. Dès le 20 mars, le Maroc décrétait l’état d’urgence sanitaire, accompa- gné d’une restriction de la circulation des personnes, appelée communé- ment confinement. Au cours de cette période d’état d’urgence, le gouvernement a donc pris toutes les mesures nécessaires permettant d’assurer la sécurité sani- taire des citoyens et ce, par le biais de décrets, décisions administratives, circulaires ou communiqués officiels. Objectif : limiter la circulation du coronavirus, tout en assurant la conti- nuité des services vitaux, mais sur- tout éviter la saturation des hôpitaux, à l’instar de ce qui s’est passé dans des pays comme l’Italie où, malheu- reusement, des milliers de malades sont morts faute de soins adéquats. Le drame qu’ont vécu certains pays, a indéniablement permis au Maroc de mieux de se préparer à cette crise, en étant davantage dans la prévention que la réaction. Même si un mort est déjà trop, la réactivité du gouverne- ment a considérablement permis de limiter la casse, le Royaume ayant enregistré, au 4 juillet, 232 décès et 9.214 guérisons, pour 13.434 cas de contamination enregistrés. Pour le chef de gouvernement, Saad Eddine El Otmani, «les mesures prises par le Royaume lui ont permis d’évi- ter le pire» , puisqu’il a été parmi les premiers pays à prendre une série de mesures préventives et à instaurer l’état d’urgence partout au Maroc. Un pays qui a choisi de donner la priorité à la santé et à la sécurité des citoyens, sans négliger le soutien et l’appui aux catégories vulnérables et celles touchées par cette pandémie. … Sans omettre l’économique et le social Si la réponse sanitaire du Royaume a été ferme, elle a eu tout autant des conséquences économiques lourdes. Le confinement a ainsi coûté au pays 1 Md de DH par jour, du fait de l’arrêt
reluisantes au titre de cet exer- cice. Les dernières projections de Bank Al-Maghrib font ainsi état d’une contraction de 5,2% de l’économie en 2020, la plus forte depuis 24 ans, sous l’effet conjugué de la sécheresse et des restrictions pour limiter la propa- gation de la Covid-19. Pis encore, «au regard de l’évolution rapide et incer- taine de la situation, ces prévisions restent entourées de fortes incerti- tudes, avec une balance des risques orientée à la baisse» , indique la Banque centrale. Qui note que, «selon les scénarios d’une reprise plus lente de l’activité ou de la persistance de la faiblesse de la demande étrangère et des perturbations des chaînes d’ap- provisionnement, la récession serait beaucoup plus profonde». Les espoirs sont maintenant tour- nés vers le plan de relance qui devrait permettre, un tant soit peu, de redonner du souffle à l’activité économique. Mais il faudra du temps avant de retrouver cette dynamique attendue. Cette pandémie a néanmoins ceci de positif qu’elle a permis au Maroc de se surpasser dans bien des domaines (les volets industriels, matériels sani- taires, de l’éducation..) et de mon- trer sa capacité d’adaptation face à des situations inédites comme cette crise que nous vivons. De quoi, évi- demment, inspirer ceux qui sont en charge d’élaborer la feuille de route du nouveau modèle de développe- ment, la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) en l’occurrence. u
brutal de l’activité économique. Tous les indicateurs économiques sont passés au rouge. Et pour soutenir l’activité écono- mique, l’Etat a su se montrer parti- culièrement généreux. A travers le Comité de veille économique, plu- sieurs mécanismes ont été mis en place pour venir en aide aux entre- prises impactées, aux salariés et au secteur informel. Des mécanismes qui ont mobilisé toutes les institu- tions économiques et financières du Maroc, qu’elles relèvent du public ou du privé. Bank Al-Maghrib, la Caisse centrale de garantie (CCG), l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), le Groupement profession- nel des banques du Maroc (GPBM), la Confédération générale des entre- prises du Maroc (CGEM)…, tous se sont mobilisés pour maintenir sous perfusion l’économie nationale. Au final, cette crise sanitaire, avec en toile de fond le confinement, a fait mal à l’économie. Très mal. En témoignent les perspectives peu
Les espoirs sont maintenant tournés vers le plan de relance qui devrait permettre, un tant soit peu, de redonner du souffle à l’activité économique.
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SPÉCIALE EDITION COVID-19
Mesures sanitaires
Le Maroc déploie les grands moyens
Dès que le Maroc a décrété l’état d’urgence sanitaire le 19 mars 2020, les autorités ont pris un ensemble de mesures sanitaires pour garantir son application dans le but de freiner la portée de la chaîne de contamination de la Covid-19.
Le Maroc se classe dans le top 40 mondial en dépassant le cap des
20.000 tests par jour dans 25 laboratoires nationaux.
A u lendemain des pre- miers signaux de l’épi- démie Covid-19, le Maroc est passé à la vitesse supérieure en termes de mesures sanitaires pour garder la situation sous contrôle. Ainsi, plusieurs actions ont été très rapidement lancées pour minimiser la portée de la chaîne de contamination, à travers notamment le verrouillage des frontières, l’interdiction des rassemble- ments, la fermeture des écoles, puis des mesures drastiques incitant à un confinement volontaire, puis obligatoire. D’abord, la priorité a été donnée aux infrastructures sanitaires. En effet, les actions ont concerné l’augmentation et le réaménagement des capacités hospi- talières et l’amélioration des conditions d’accueil des patients dans différentes villes du Maroc. A cela, s’ajoute le déploiement des hôpitaux militaires de campagne dans les villes à forte densité de population pour renforcer le disposi- tif sanitaire civil en lits et équipements en soins intensifs. Parallèlement, des lots d’équipements médicaux et sanitaires ont été impor- tés en masse et avec diligence dans les établissements sanitaires. Il faut reconnaitre aussi le rôle des entreprises marocaines, spécialisées dans la fabri- cation de matériel médical (respira- teurs, moyens matériels des hôpitaux) qui n’ont pas manqué à l’appel.
Elles en ont même fixé le prix de vente et les sanctions pour les contrevenants : 80 centimes l’unité, avec notamment le soutien du Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus. Par ailleurs, quiconque contrevient à ces dispositions est passible de sanc- tions prévues à l’article 4 du décret- loi n° 2.20.292, qui prévoit une peine d’emprisonnement d’un à trois mois et une amende comprise entre 300 et 1.300 dirhams, ou l’une de ces deux sanctions, sans préjudice de la sanction pénale la plus sévère. En principe, tout le monde semble s’ac- corder sur le fait que le masque s’ins- crit en complément indispensable des différents gestes barrières, et a montré son efficacité pour réduire le taux de reproduction du coronavirus. Quid du dépistage Après un démarrage des plus timides au lendemain du recensement sur son territoire du premier cas de la Covid-19, le Maroc est passé à la vitesse supé- rieure en dépassant le cap des 17.000 tests par jour dans 25 laboratoires nationaux, se classant ainsi dans le top 40 mondial devant plusieurs autres pays européens tels que la Suisse, la République tchèque, les Pays-Bas ou la Suède, et même des puissances mon- diales comme le Japon, le Mexique et l’Argentine. Une telle montée en puissance n’aurait
En outre, le ministère de la Santé a déployé une série d’actions pour élever son niveau de vigilance dans le suivi de la situation épidémiologique en temps réel. Et ce, par la mise en place d’un Comité technique et scientifique consul- tatif, dont l’une des missions est la défi- nition d’un protocole de prise en charge des malades atteints par la Covid-19, et par l’adaptation de l’organisation du système de soins en réponse à une nouvelle logique d’intervention. Le Maroc avance masqué Le masque est-il utile ou non ? Protège- t-il efficacement contre le coronavirus? Les autorités marocaines n’ont pas hésité à vite trancher par rapport à ces interrogations. En cela, les autorités ont rendu obligatoire le port du masque depuis le mardi 7 avril, et ce pour toutes les personnes autorisées à se déplacer en dehors de leurs lieux de résidence.
Dès l’apparition du premier cas de la Covid-19 au Maroc, le ministère de la Santé a déployé une série d’actions pour élever son niveau de vigilance dans le suivi de la situation.
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20 mars : Entrée en vigueur de l’état d’urgence sanitaire dans le Royaume en exécution du décret-loi émis le jeudi 19 mars, et ce pour préserver la santé et la sûreté de la société marocaine. 23 mars : Le ministre de la Santé émet la circulaire autorisant l’introduction de Chloroquine et de l’hydroxychloroquine dans l e t r a i t ement des pa t i ent s confirmés Covid-19. 1er avril : Le ministère de la Santé appelle les citoyens à faire preuve de patience et à respecter scrupuleusement le confinement. 7 avril : Les autorités publ iques décident de mettre en place le port obligatoire des masques médicaux. 18 avril : Les ministères de l’Intérieur et de la Santé décident de prolonger l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 20 mai. 18 mai : Le Chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, annonce une prorogation du confinement et de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 juin. 9 juin : Le gouvernement marocain décide d’étendre jusqu’au 10 juillet 2020 l’état d’urgence sanitaire en vigueur dans le Royaume depuis le 20 mars dernier. 10 juin : Le Conseil de gouvernement approuve un projet de décret portant prorogation de l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire national, du mercredi 10 juin à 18h00 jusqu’au vendredi 10 juillet 2020 à 18h00. Ainsi, les provinces et régions du Royaume ont été divisées en deux zones, selon les critères fixés par les autorités sanitaires. 21 juin : Les autorités prennent une série de mesures pour la gestion de la deuxième étape du plan d’allègement du confinement sanitaire à partir du 24 juin 2020 à minuit. Chronologie des décisions sanitaires prises par les autorités marocaines
pas été possible sans la volonté des autorités marocaines de faire du dépis- tage un axe primordial dans la lutte contre la pandémie. De fait, il a été procédé à l’augmenta- tion progressive du nombre de labora- toires équipés et habilités à faire le test PCR, qui est le type de test virologique le plus fiable au niveau mondial et que le Maroc a retenu très tôt comme moyen de dépistage par excellence.
éclaircir l’opinion publique. Il va de l’information en continu sur les médias sur le suivi de la situation sanitaire dans notre pays, à la production de kits d’information en arabe, français et ama- zigh, en passant par le développement de supports éducatifs de sensibilisation. A cela s’ajoutent les deux lignes télé- phoniques du ministère de la Santé Allô Yakada et Allô SAMU 141. Opérationnels 24h/24 et 7j/7, ces numéros ont permis de renforcer les mécanismes et canaux de communication directe et d’élever le niveau de vigilance des citoyens pour garantir leur sécurité sanitaire. De plus, le ministère de la Santé a annoncé le lancement officiel du portail www.covidmaroc.ma dédié à l’actualité sur le nouveau coronavirus (Covid-19). Mis à jour matin et soir, ce portail fournit les données et statistiques rela- tives à la situation épidémiologique au Maroc, et ce via une carte interactive qui permet d’afficher le bilan des nou- veaux cas confirmés de contamination à la Covid-19, répartis selon les régions et les villes. Le ministère de la Santé a également lancé la plateforme en ligne de télémé- decine intitulé www.tbib24.com, regrou- pant plusieurs médecins bénévoles. Ce service couvre gratuitement de larges spécialités de la médecine, pour tout conseil ou indication médicale par mail, audio ou vidéo au profit des citoyens
Cafouillage autour de la Chloroquine
Jamais un traitement n’a suscité autant de polémiques. En pleine pandémie du coronavirus, les scientifiques se déchirent sur l’efficacité de ce traite- ment. Mais le Maroc a vite tranché : le minis- tère de la Santé a décidé l’introduction de la chloroquine et de l’hydroxychloro- quine dans la prise en charge thérapeu- tique des patients atteints du Covid-19. D’où la réquisition de tous les stocks de produits par le groupe Sanofi au Maroc. Le Maroc, à l’instar de certains pays comme le Sénégal, est resté loin de ces cafouillages et vives polémiques. Il a adopté la chloroquine depuis le début de la pandémie, et s’y est tenu. La tutelle étoffe sa communica- tion Un plan de communication crédible a été déployé à grande échelle pour
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Un million 915.000 tests de diagnostic à atteindre jusqu’à fin juillet.
les téléphones pendant une durée de risque de contamination de 21 jours. Stratégie sanitaire post-Covid La stratégie de reprise des activités pour la période du post-confinement a pris en compte un certain nombre d’indicateurs importants : la baisse de l’indicateur de reproduction du virus à moins de 1%, le nombre de nou- veaux cas d’infection au coronavirus (cas actifs inférieurs à 03 pour chaque 100.000 habitants), le taux d’occu- pation des lits d’hôpitaux consacrés aux services de réanimation pour les patients affectés par la Covid-19 (il ne devrait pas être inférieur à 65%, car 2% des cas ont besoin de réanimation) et le taux d’occupation des lits d’hôpi- taux destinés à la Covid-19 (il ne doit pas être inférieur à 65%). Parallèlement, Il y a eu un renforce-
ment massif des analyses en labo- ratoire au sein des secteurs de pro- duction qui ont un lien direct avec le citoyen dans l’ambition d’atteindre un million 915.000 tests de diagnostic de la Covid-19 à fin juillet prochain. A cela, s’ajoute l’accompagnement d’un certain nombre de professionnels et d’unités de production et d’entreprises pour promouvoir les mesures de santé, de sécurité et de prévention associées à leurs activités économiques, confor- mément aux normes nationales et internationales de sécurité sanitaire. En outre, les fondements concernent également le suivi des stocks de médi- caments, de produits pharmaceutiques et de fournitures médicales afin de préserver le stock de ces matières vitales dans les hôpitaux publics en préparation de la levée totale du confinement. En conclusion, il est indéniable que le système de santé marocain a traversé, haut la main, la rude épreuve de la pandémie de la Covid-19. Avec des moyens limités et beaucoup de lacunes, les hôpitaux s’en sont sorti sans trop de dégâts. Aujourd’hui, la tutelle est convaincue de l’urgence de la réforme du système dont elle avait déjà commencé à des- siner les contours avant la propagation de la pandémie. u
marocains. A toutes les étapes, l’infor- mation diffusée à l’attention du public se basait sur des recommandations du comité scientifique mobilisé dans la gestion de la pandémie pour éviter toute désinformation pouvant fausser la crédibilité des autorités et l’efficacité de la riposte. L’entrée en jeu des applications de traçage En appui au port du masque, le contact Tracing a contribué à limiter la propaga- tion du Coronavirus dans les pays asia- tiques, là où il est fortement employée. Au Maroc, le gouvernement a aussi levé le voile sur son dispositif numérique. Wiqaytna est basée sur un protocole uti- lisé par cinq pays dans le monde, dont Singapour, Australie et trois autres pays. Son développement a duré à peu près 3 semaines par les équipes marocaines, ce qui est déjà un record en soi. Pour faire simple, ce système permet de notifier aux utilisateurs de l’application le risque d’exposition à la Covid-19. Ainsi, lorsqu’un utilisateur se trouve dans un rayon de couverture Bluetooth avec un appareil ayant la même applica- tion, les deux appareils échangent des cryptos-id, des identifiants temporaires et cryptés qui vont être stockés sur
Le système de santé marocain a traversé, haut la main, la rude épreuve de la pandémie de la Covid-19.
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SPÉCIALE EDITION COVID-19
«Je n’ai jamais été confronté à une urgence de santé publique de cette ampleur»
Cette pandémie a montré l’importance capitale du secteur de la santé comme levier et condition du développement. Le directeur de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies au ministère de la Santé, Mohamed El Youbi, nous livre ses sentiments.
Finances News Hebdo : Avec le recul, quel regard portez-vous sur cette crise sanitaire en tant que directeur de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies au minis- tère de la Santé ? Mohamed El Youbi : Je pense qu’il est encore prématuré de tirer les leçons ou de faire une évalua- tion valide de cette crise sani- taire. Néanmoins, et en ce qui me concerne, je noterais qu’en 29 ans d’exercice, je n’ai jamais été
confronté à une urgence de santé publique de cette ampleur et avec un tel impact sur les plans, aussi bien sanitaires que socioécono- miques... Cette pandémie confirme d’ores et déjà l’importance capitale du secteur de la santé comme levier et condition du développement. Elle confirme également le non-fondé des jugements plaçant ce secteur comme consommateur de budgets uniquement ! Dans le secteur lui- même, il devrait y avoir une plus grande prise de conscience des enjeux de santé publique (santé de la communauté) et de la sécurité sanitaire, y compris la préparation et la riposte aux urgences de santé publique. Un retour d’expérience et une évaluation, en bonne et due forme, devront être menés, aussi bien à l’échelle des différents sec- teurs d’activité et départements, qu’à l’échelle gouvernementale pour évaluer les aspects de gouver- nance globale... F. N. H. : Dans cette phase de ges- tion de la crise, quelles sont les difficultés majeures que vous aviez rencontrées ? M. E. Y. : Je pense que j’ai déjà annoncé dans la question précé- dente un des aspects, sinon le plus important, comportant un besoin d’amélioration, à savoir la
gouvernance de la gestion de la crise, notamment les mécanismes de coordination : au sein même du ministère de la Santé, avec toutes les composantes du système de santé et entre tous les départe- ments impliqués. Les ressources humaines ont posé, à mes yeux, pas mal de difficultés, plus parti- culièrement en termes d’effectifs et de motivation, bien que le sens de citoyenneté, la mobilisation et le dévouement sans faille dont ont fait preuve certaines catégories de ces professionnels aient été exem- plaires... F. N. H. : Cette crise liée à la covid- 19 a-t-elle eu une influence sur vos convictions en tant que médecin ? M. E. Y. : Ce que j’ai partagé avec vous dans le cadre des 2 rubriques précédentes, a toujours constitué ma conviction et le socle de ma vision pour le développement de la santé dans notre pays... Cela devrait, et j’espère que ça va être le cas, être sérieusement pris en considération dans le cadre de la refonte du système de santé voulu par Sa Majesté le Roi, que Dieu l’assiste, en repensant les cadres juridiques et réglementaires de la Santé, la structuration, l’organisa- tion et les mécanismes de gouver- nance du système. u
Mohamed El Youbi
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SPÉCIALE EDITION COVID-19
Comité de veille économique La machine à sous
Le CVE aura sur- tout été efficace dans la célérité avec laquelle les multiples décisions ont été prises.
et entreprises publics impactés par la crise…, le CVE a ratissé très large à tra- vers un plan d’action décliné jusqu’à fin juin 2020. Et ce, en s’appuyant notamment sur le Fonds spécial covid- 19 doté, à fin mai, de 33 Mds de DH, pour des dépenses qui s’élèvent à 14,9 Mds de DH. Rapidité d’intervention Le CVE aura surtout été efficace dans la célérité avec laquelle les multiples décisions ont été prises. En s’affran- chissant des pratiques procédurières lourdes qui caractérisent l’Adminis- tration marocaine, il a su apporter des réponses concrètes et pratiques à nombre de besoins exprimés par les entreprises et les citoyens d’une manière générale. Le CVE a surtout montré que l’Admi- nistration peut travailler autrement et être plus pragmatique dans la gestion des affaires du Royaume. Si et seule- ment si le politique ne s’y mêle pas. D’ailleurs, selon le ministre des Finances, Mohamed Benchâaboun, le CVE a tenu à suivre de près la situation de l’économie nationale et à mettre en place les mesures nécessaires pour assurer sa résilience face à cette crise, avec la rapidité et l’efficacité néces- saires en termes de prise des déci- sions et de leur mise en œuvre. L’une de ses principales missions en ce moment est de se pencher sur le plan de relance économique, mainte- nant que le Maroc est déconfiné. Très attendu, il devra permettre à l’écono- mie nationale de rebondir après trois mois en réanimation. Reste à savoir que deviendra ce CVE à la fin de la crise. u
Le CVE a dépensé sans compter pour sortir l’économie nationale de sa torpeur et soutenir les ménages marocains. Qu’adviendra-t-il de lui à la fin de la crise ?
L e Comité de veille écono- mique (CVE) aura abattu un travail monstre dans la lutte contre le coronavirus au Maroc. Il a été mis en place dès le 11 mars au niveau du ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration pour accompagner les efforts du gouvernement afin d’anti- ciper les répercussions économiques directes et indirectes de la crise sani- taire de la Covid-19 sur l’économie nationale. Ce comité est chargé, d’une part, de suivre de près l’évolution de la situa- tion économique à travers des méca- nismes rigoureux de suivi et d’évalua- tion, et d’autre part, d’identifier les
mesures appropriées en termes d’ac- compagnement des secteurs impactés. Les travaux du CVE, composé d’une douzaine de membres, auxquels pourraient s’adjoindre, si nécessaire, d’autres acteurs publics ou privés, sont coordonnés par le ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration. Les différents membres du comité ont été appelés, chacun dans son domaine d’intervention, et durant toute la phase de gestion de cette crise, à mettre en place des mécanismes de veille sectoriels en associant les acteurs concernés. Aides financières aux ménages, sou- tien aux entreprises et aux salariés, accompagnement des établissements
Les 12 membres du CVE
Le CVE comprend parmi ses membres, outre le ministère des Finances : • Le ministère de l’Intérieur • Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger • Le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts • Le ministère de la Santé • Le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Économie verte et numérique • Le ministère du Tourisme, de l’Artisanat, du Transport aérien et de l’Économie sociale • Le ministère du Travail et de l’Insertion professionnelle • Bank Al-Maghrib
• Le Groupement professionnel des banques du Maroc • La Confédération générale des entreprises du Maroc • La Fédération des Chambres marocaines de commerce, d’industrie et de services • La Fédération des Chambres d’artisanat.
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SPÉCIALE EDITION COVID-19
Entretien
«Les scénarii de reprise qui se dessinent maintenant sont plus en “W” qu’en “V”»
Les actions engagées par le Comité de veille économique ont permis de préserver le pouvoir d’achat des ménages et d’appuyer la résilience du tissu productif en conservant les emplois. Le contexte actuel ne manquera pas cependant d’affecter la situation des finances publiques du Maroc, voire ses équilibres macroéconomiques. Entretien avec Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration.
Finances News Hebdo : Avec le recul, quel est votre sentiment par rapport à cette crise liée à la Covid-19 et quels enseignements en avez-vous tiré en tant que Ministre ? Mohamed Benchaâboun : Vous conve- nez avec moi qu’il est encore tôt de tirer tous les enseignements de cette crise inédite du fait des incerti- tudes encore élevées qui entourent l’évolution du contexte international. Néanmoins, cela ne nous empêche pas d’esquisser quelques éléments d’appréciation préliminaires sur le chemin parcouru par notre pays pour contenir les effets multidimension- nels de cette pandémie. Avec toute l’objectivité qui s’impose, je ne peux être que fier et satisfait de la capacité dont a fait preuve notre pays pour gérer de manière exemplaire cette crise sanitaire. Cette capacité, qui force d’ailleurs le res- pect à l’échelle internationale, tire sa substance de la Clairvoyance et de la Vision anticipative de Sa Majesté le Roi, que Dieu L’Assiste. Les Hautes Instructions Royales ont été déci- sives non seulement pour favoriser l’appropriation collective des enjeux et des risques encourus, mais aussi pour prendre les bonnes décisions et en temps opportun. Je me sens également satisfait du bilan de notre action commune sur
le plan économique et social, enga- gée dans le cadre du Comité de veille économique (CVE) et qui a permis de préserver, lors de la phase du confinement sanitaire, le pouvoir d’achat des ménages et d’appuyer la résilience de notre tissu productif en conservant les emplois. Ces mesures ont constitué à bien des égards des leviers importants pour renforcer la confiance des citoyens et des opéra- teurs en la capacité de l’Etat à endi- guer les effets de la crise de la Covid- 19 et à préparer notre pays à relever les défis qui se profilent à l’horizon. En outre, la gestion de la crise a clairement mis en relief le rôle cen- tral des process digitaux qui nous ont permis d’agir avec la célérité requise pour répondre à des besoins imminents et pressants. Le déploie- ment des plateformes digitales et la rapidité de leur assimilation par la population ont été décisifs dans la gestion de la crise, sans lesquelles nous n’aurions pas pu atteindre les résultats escomptés dans des délais aussi courts. Cependant, la vigilance devra res- ter de mise, car si la crise sani- taire pourrait être maîtrisée grâce à l’engagement responsable de tous les citoyens et acteurs, les risques économiques et sociaux susceptibles d’être induits par la crise Covid-19
Mohamed Benchaâboun
sont loin d’être totalement écar- tés. A noter, toutefois, que ces risques, en dépit de leur acuité, ne devraient pas pour autant perdre de vue les gisements d’opportunité qui devraient se présenter à l’avenir proche et qu’il conviendrait nécessai- rement d’en saisir la portée et d’en tirer les dividendes. F. N. H. : Par rapport aux mesures prises pour aider les entreprises et ménages, pensez-vous que le gou- vernement a fait ce qu’il fallait ou qu’il pouvait faire plus s’il n’était pas tenu par des contraintes budgé- taires ? M. B. : Je voudrais, d’emblée, souli- gner que le Maroc a actionné rapide- ment toutes les mesures nécessaires pour contrecarrer les effets de la crise Covid-19 dans leurs dimensions
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Réunion du Comité de veille économique.
F. N. H. : Est-ce que l’expérience tirée de cette crise va influencer les conceptions et convictions que vous aviez en tant qu’argentier du Royaume ? M. B. : Tout d’abord, j’aimerais pré- ciser que la crise n’est pas encore achevée, et les dernières prévisions des organismes internationaux, à l’instar du FMI et de l’OCDE, le confir- ment. Les scénarii de reprise qui se dessinent maintenant sont plus en «W» qu’en «V», sur lequel les pre- mières estimations du cadre macro- économique ont été élaborées. Le contexte actuel, caractérisé par l’effet conjugué de la pandémie Covid-19 et la succession de deux années de sécheresse, ne manque- ra pas d’affecter la situation de nos finances publiques, voire nos équilibres macroéconomiques. Face à cette situation, ce sont plutôt les conceptions qu’il faudra en premier chef réajuster en permanence pour s’adapter à ce nouveau contexte édi-
fiant. Les convictions quant à la capa- cité de notre pays à réussir les paris d’avenir demeurent inébranlables. Le Maroc, sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi, Que Dieu L’Assiste, a inscrit sa stratégie de réponse à la crise dans le cadre d’une approche qui transcende les seules considé- rations conjoncturelles. Notre pays a fait le choix judicieux de s’attaquer également aux nœuds structurels qui affectent son potentiel de déve- loppement. La réflexion en cours sur le modèle de développement dénote de cette préoccupation majeure et devrait déboucher sur des choix de développement rénovés et orientés vers le futur, ce qui serait de nature à propulser la dynamique de l’éco- nomie et de la société marocaines et hisser notre pays au rang des nations prospères. Outre le recours à de nouveaux modes de conception et de mise en œuvre des politiques publiques, notre pays devra mettre l’accent sur les secteurs qui connaitront de l’es- sor à la sortie de la crise, comme la santé, l’éducation, l’énergie verte et le digital. Au niveau international, il serait question de préparer le Maroc à s’adapter à la nouvelle reconfigu- ration des chaînes de valeur mon- diales, en captant à grande échelle les investissements européens en quête de nouveaux centres de pro- duction à proximité des marchés européens. u
sanitaires et socioéconomiques. Le benchmarking que nous avons réa- lisé sur les réponses déployées à l’échelle internationale nous a per- mis de relever que l’action de notre pays s’inscrit en ligne avec celles de la plupart des pays développés et émergents. Sur le plan économique et social, nous avons déployé un dispositif de mesures qui s’est matérialisé à travers le soutien financier immédiat aux ménages et aux entreprises pour leur permettre de traverser cette phase difficile. Le choix qui a été fait, lors de cette première phase, est d’adopter des mesures trans- verses qui s’appliquent à tous les secteurs, sur une période s’étalant jusqu’au mois de juin, avec une prio- rité donnée aux entreprises qui ont arrêté leurs activités sous l’effet des mesures de confinement obligatoire. L’effort déployé par l’Etat pour conte- nir les effets actuels de la crise Covid-19 et les mesures envisagées pour favoriser une reprise de l’éco- nomie nationale augurent de pers- pectives favorables de nature à per- mettre à notre pays de s’adjuger un positionnement favorable dans le monde post-Covid 19. Cela nous oblige, à l’évidence, à maintenir notre cap réformateur et de conso- lider nos forces et nos moyens pour concrétiser l’ambition nationale pour une économie forte, inclusive et résiliente.
La vigilance devra rester de mise, car (…) les risques économiques et sociaux sus- ceptibles d’être induits par la crise Covid- 19 sont loin d’être totalement écartés.
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Soutien aux entreprises
Plaque tournante de la stratégie du Comité de veille économique pour absorber le choc de la crise engendrée par la Covid-19, la Caisse centrale de garantie est amenée à jouer un rôle tout aussi central pour la relance économique post-covid-19. La CCG pour éponger le risque
O n l’a vu avec Damane Oxygène, qui a permis à des pans de l’éco- nomie de respirer un tant soit peu, et dont l’encours a dépassé les 13 Mds de dirhams à mi-juin. La Caisse centrale de garantie (CCG) est ainsi devenue le dispositif sur lequel l’Etat prend appui pour limiter les impacts de la crise sanitaire sur les entreprises. Le ministre des Finances l’a d’ailleurs dit au tout début de la crise : l’Etat doit prendre une partie du risque pour permettre à l’éco- nomie de continuer de tourner et d’absorber le choc. C’est donc normal que la relance passe par le même mécanisme : Damane Relance. Son lancement a été officialisé le 15 juin et il consiste en la garantie des crédits destinés à financer le besoin en fonds de roulement des entreprises. Ces crédits sont remboursables sur une durée de 7 ans, avec 2 ans de différé. Il y a d’abord le produit «Relance TPE» , qui est conçu en faveur des très petites entreprises (TPE), y compris les commerçants, artisans, coopéra- tives et professions libérales. Il est destiné à garantir, à hauteur de 95%, les prêts des entreprises réalisant un chiffre d’affaires ne dépassant pas 10 millions de DH. Sans sûretés exigées, cette ligne de financement est plafon- née à 10% du chiffre d’affaires avec un minimum de 10.000 DH. Le deuxième produit, «Damane Relance» , sera, lui, déployé en faveur des petites, moyennes et grandes entreprises réalisant un chiffre d’af- faires supérieur à 10 millions de DH. Le montant du crédit garanti est fixé à 1,5 mois de chiffre d’affaires pour
des mécanismes de garantie excep- tionnelle «Relance TPE» ou « Damane Relance» qu’une seule fois. Ce mécanisme s’ajoute à la longue liste des produits lancés par la CCG cette année dont Intilaka et Damane Oxygène, notamment. Les banques participatives éga- lement couvertes Les banques participatives ont été dans la foulée couvertes par les pro- duits de la CCG, avec le lancement officiel de sa fenêtre participative durant le mois de juin. Il s’agit de quatre nouveaux produits de garan- tie, à savoir «Damane Moubachir», «Damane Dayn» , «Fogarim Iskane» et «Fogaloge Iskane» . Ces instruments, qui ont tous fait l’objet de l’avis de conformité du Conseil supérieur des Oulémas (CSO), permettront d’élargir le champ du possible et de soutenir un panel plus large d’agents écono- miques. u
les entreprises du secteur industriel, et à 1 mois de chiffre d’affaires pour les entreprises relevant des autres secteurs. La quotité de garantie de ce nouveau mécanisme varie de 80 à 90%. A noter enfin que les crédits garantis doivent être destinés, à au moins 50% de leur montant, au règlement des fournisseurs, favorisant ainsi un financement interentreprises. Précision et pas des moindres : chaque entreprise ne peut bénéficier
Les crédits garantis doivent être destinés, à au moins 50% de leur montant, au règlement des fournisseurs, favorisant ainsi un financement interentreprises.
Chaque entreprise ne peut bénéficier des mécanismes de garantie exceptionnelle «Relance TPE» ou «Damane Relance» qu’une seule fois.
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SPÉCIALE EDITION COVID-19
CNSS
Mesures fortes dans une période inédite
2 milliards de DH ont été mobilisés mensuellement pour la distribution des indemnités pour perte d’emploi.
L es entreprises marocaines ont été durement impac- tées par la crise de la Covid-19. Selon le dernier comptage, pas moins de 134.000 entreprises du sec- teur formel ont été déclarées en arrêt temporaire de travail au titre du mois d’avril, soit 62% des affiliées à la CNSS. Ainsi, dès la deuxième réunion du Comité de veille économique tenue le 23 mars dernier, des mesures ont été prises pour préserver le pouvoir d’achat des salariés des entreprises en difficulté face à l’état d’urgence sanitaire lié à la pandémie de la Covid- 19. Il s’agit de l’octroi d’une indemnité forfaitaire mensuelle nette durant la période allant du 15 mars au 30 juin 2020, soit 1.000 DH pour le mois de mars et 2.000 DH pour les mois d’avril, mai et juin 2020. Cette indemnité a concerné les salariés Des mesures d’amnistie sur les majorations et pénalités ont été annoncées en juin. Deux nouvelles mesures
Dès la deuxième réunion du CVE, des mesures ont été prises pour préserver le pouvoir d’achat des salariés des entreprises en difficulté.
déclarés à la CNSS au titre du mois de février 2020, en arrêt temporaire de travail et relevant des entreprises en difficulté. Ces salariés ont également continué de bénéficier, selon les dispo- sitions en vigueur, des allocations fami- liales et des prestations de l’Assurance maladie obligatoire. 2 Mrds de DH déboursés par mois Pendant la période de confinement et pour bénéficier de cette mesure, les employeurs comme les salariés n’avaient nul besoin de se présenter aux agences de la Caisse nationale de la sécurité sociale. Cette dernière a mis, dès la soirée du mardi 24 mars dernier, à la disposition
des employeurs concernés, un portail électronique dédié «covid19.cnss.ma». L’employeur devait faire sa demande pour bénéficier de cette mesure en accédant tout simplement à ce portail et en suivant les instructions. A cet effet, les entreprises touchées par la pandémie ont dû procéder à la sélec- tion du personnel en arrêt temporaire, tout en formalisant au niveau du portail leurs déclarations sur l’honneur certi- fiant de l’arrêt total ou partiel de leurs activités. Et que cet arrêt est induit par la pandémie de la Covid-19. Le personnel sélectionné a reçu l’in- demnité forfaitaire à chaque fin du mois de la période concernée et a bénéficié des allocations familiales et de l’AMO. Cette indemnité, prise en charge totale- ment par le Fonds spécial, a remplacé l’indemnité pour perte d’emploi prévue par le régime de sécurité sociale géré par la CNSS durant toute la période de crise. Le département des finances avait annoncé que le Fonds mobilisera près de deux milliards de dirhams men- suellement à cet effet. u
Le Conseil d’administration de la CNSS a décidé, le18 juin dernier, d’annuler toutes les pénalités et majorations de retard pour tous les arriérés de cotisations antérieurs à juin 2020 au profit des entreprises affiliées répondant aux critères d’éligibilité au sens du décret 2.20.331. Il a également décidé d’exonérer les indemnités mensuelles versées par certains employeurs à leurs salariés en arrêt temporaire de travail pour préserver leur pouvoir d’achat durant les mois d’avril, mai et juin 2020. Toutefois, cette indemnité ne doit pas dépasser la valeur du montant exonéré de l’Impôt sur le revenu.
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Banques
Impacts tous azimuts sur le secteur
La crise sanitaire s’est ajoutée au lot de difficultés qui pesaient sur les banques. Un véritable changement de paradigme attend le secteur les prochains mois.
L a Covid-19 s’est invitée au lot de contraintes qui marquaient le contexte du secteur bancaire : taux bas, resserrements règle- mentaires, créances en souffrance… Un contexte jusque-là bien maîtrisé, avant que la crise n’en décide autre- ment. Une enquête du cabinet Roland Berger, menée entre le 11 avril et le 12 mai 2020, a quantifié les impacts de la crise sanitaire sur les banques. Elle a couvert trois éléments : la réponse d’urgence à la crise sani- taire et au confinement, les impacts anticipés d’un point de vue finan- cier sur l’année 2020, et les pers- pectives ainsi que les changements à moyen long terme sur lesquels le secteur bancaire doit agir. Réponses de continuité et de gestion de crise Le premier enseignement de cette enquête, dont Finances News Hebdo restitue en exclusivité les résultats, est que face à la crise de la Covid- 19 et au confinement, toutes les banques ou presque ont mis en place une série d’actions incontour- nables de stabilisation opération- nelle et de soutien commercial :
mise en place de cellules de crise, adaptation de l’organisation du tra- vail, déploiement des mesures de soutien du CVE, renforcement du service client et encouragement des canaux distants, scénarisation des impacts financiers et réévaluation du profil de risque des portefeuilles. Les banques doivent néanmoins s’inscrire dans un effort d’adap- tation continu face à un confi- nement qui se prolonge : ainsi, environ 43% des répondants esti- ment que l’adaptation des proces- sus et des systèmes d’information (SI) n’est pas encore finalisée, et 57% pensent que les adaptations apportées jusque-là ne sont pas soutenables face à un confinement
trop prolongé. A noter que malgré les perturba- tions et les surcharges associées à ces actions, les banques ont davan- tage privilégié la poursuite que la temporisation des projets priori- taires en cours avant crise. En termes de consolidation commer- ciale, si les mesures de soutien du CVE sont déployées par l’ensemble des banques, la formation des «lignes de front» pour accompagner les clients en cette période de crise, ou des plans d’action segmentés et proactifs à l’égard de clients à forts risques et/ou valeur, sont moins systématiques et/ou avan- cés. « Des points pourtant critiques puisque les interactions actuelles constituent des moments de vérité uniques avec un potentiel de fidé- lisation ou d’attrition fort », notent les auteurs de l’enquête. Sur le plan de la pérennisation financière, les banques explorent des pistes d’adaptation des coûts, avec un focus porté sur les dépenses externes; les pistes rela-
La quasi-totalité des banques entrevoit un impact structurel fort de la crise de la Covid-19 sur le secteur, qui impactera notamment les usages et les besoins des clients.
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