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Magazine Belles demeures de France

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Magazine Belles demeures de France

N°25 AUTOMNE-HIVER 2019/20

LE MOT DU PRÉSIDENT

COUVERTURE : PARIS XVI E - RUE RAYNOUARD DANIEL FÉAU COMMERCIALISATION PHOTO : SÉBASTIEN DONDAIN

CHARLES-MARIE JOTTRAS

J uste après la deuxième guerre mondiale, dans trois petits bureaux situés boulevard Haussmann et avec quelques collaborateurs, Monsieur Daniel Féau lançait son activité de vente d’appartements et d’hôtels particuliers dans ce qu’il était convenu alors d’appeler « les beaux quartiers » de Paris. Bientôt trois quarts de siècle - et des dizaines de milliers de ventes - plus tard, la société Daniel Féau est devenue la principale agence immobilière de la capitale. Connue pour son réseau international qui lui a notamment permis de vendre récemment une propriété à plus de 270 millions d’euros, la « maison Daniel Féau » vend aussi plus de trois appartements par jour entre un et quatre millions d’euros. Tout cela a été possible grâce à la fidélité de nos clients et à la qualité de nos collaborateurs, soigneusement sélectionnés et très attachés aux valeurs familiales transmises par son fondateur : servir notre clientèle avec éthique et efficacité.

Just after the Second World War in three little offices in boulevard Haussmann, Mr. Daniel Féau with a few associates set up his business specialising in the sale of apartments and private mansions in the capital’s "most beautiful neighbourhoods." Almost three quarters of a century - and tens of thousands of sales - later, the Daniel Féau group is today Paris’s leading real estate agency. Renowned for its international network which notably concluded the sale of a property valued at over 270 million euro, the Daniel Féau group sells over three apartments each day at prices ranging from one to four million euro. All of this has been made possible thanks to the loyalty of our customers and the dedication of our team members, carefully selected and committed to the same core values as our group’s founder: to serve our clients efficiently and to adhere unwaveringly to our code of ethics.

RÉGIE PUBLICITAIRE PROFIL 18/30

134 BIS, RUE DU POINT DU JOUR 92517 BOULOGNE-BILLANCOURT TÉL. : + 33 (0)1 46 94 84 24 DIRECTEUR COMMERCIAL THIERRY REMOND [email protected] DIRECTRICE TECHNIQUE ELISABETH SIRAND [email protected]

CONCEPTION GRAPHIQUE ET IMPRESSION STUDIO OCTOPUS [email protected]

DANIEL FÉAU BELLES DEMEURES DE FRANCE

MARKETING & COMMUNICATION AUDREY JOTTRAS COLOMBINE GLADYSZ

MARGAUX PALLASTRELLI + 33 (0)1 56 88 48 48 [email protected] WWW.DANIELFEAU.COM WWW.BELLES-DEMEURES-DE-FRANCE.COM

TRADUCTION SIMON GOODMAN [email protected]

NOUS REMERCIONS TOUT PARTICULIÈREMENT LES ÉQUIPES DES AGENCES DANIEL FÉAU ET BELLES DEMEURES DE FRANCE POUR LEUR IMPLICATION DANS L’ÉLABORATION DES RUBRIQUES IMMOBILIÈRES, LES SERVICES PRESSE DES MARQUES ET ÉTABLISSEMENTS PRÉSENTÉS DANS CE NUMÉRO POUR LEUR AIMABLE CONTRIBUTION. LA RÉDACTION N’EST PAS RESPONSABLE DES TEXTES, PHOTOS, ILLUSTRATIONS ET DESSINS QUI ENGAGENT LA SEULE RESPONSABILITÉ DE LEURS AUTEURS. LES PRIX INDIQUÉS DANS LES ARTICLES RÉDACTIONNELS SONT COMMUNIQUÉS À TITRE INDICATIF ET PEUVENT ÊTRE SUJETS À VARIATION. ILS N’ENGAGENT EN AUCUN CAS LA RESPONSABILITÉ DE L’ÉDITEUR. L’ÉDITEUR DÉCLINE TOUTE RESPONSABILITÉ POUR LES DOCUMENTS ENVOYÉS. TOUTE REPRODUCTION MÊME PARTIELLE EST INTERDITE SANS L’ACCORD ÉCRIT DE DANIEL FEAU CONSEIL IMMOBILIER. LES PRIX PRÉSENTÉS S’ENTENDENT FRAIS D’AGENCE INCLUS : EN L’ABSENCE DE MENTION EXPLICITE, LES HONORAIRES SONT À LA CHARGE DU VENDEUR.

Monsieur Daniel Féau à son bureau Boulevard Haussmann en 1974

Les collaborateurs Daniel Féau et Belles demeures de France - Juillet 2019

7

SOMMAIRE

10 | CHRISTIE'S

CÉCILE VERDIER, UNE FEMME À LA TÊTE DE CHRISTIE’S FRANCE

16 | RÉHABILITATION GROUPAMA, ESPRIT ART DÉCO 18 | DESIGN

CLÉMENCE ET DIDIER KZRENTOWSKI, EN PHASE AVEC L’ÉPOQUE

22 | DÉCO

JOSEPH ACHKAR ET MICHEL CHARRIÈRE, LE PASSÉ RECOMPOSÉ

26 | ART

JOY DE ROHAN CHABOT, LA FÉE DE LA DÉCORATION

30 | SAVOIR-FAIRE

MARIE-HÉLÈNE DE TAILLAC, HYMNE À LA COULEUR

32 | INNOVATION

COQUELINE COURRÈGES, TOUJOURS EN AVANCE SUR SON TEMPS

35 | DANIEL FÉAU

35 | VENTES - DANIEL FÉAU MARAIS - PARIS I ER , II E , III E , IV E , XI E , XII E 45 | VENTES - DANIEL FÉAU 5 EME - PARIS V E & XIII E 51 | VENTES - DANIEL FÉAU SAINT-GERMAIN & LUXEMBOURG - PARIS VI E & XIV E 61 | VENTES - DANIEL FÉAU SAINT-DOMINIQUE, SAINT-GERMAIN & INVALIDES - PARIS VII E & XV E 80 | VENTES - DANIEL FÉAU SAINT-HONORÉ & BELLES DEMEURES DE FRANCE - PARIS VIII E 92 | VENTES - DANIEL FÉAU 9 EME - PARIS IX E , & X E 98 | VENTES - DANIEL FÉAU AUTEUIL, PASSY & VICTOR HUGO - PARIS XVI E 121 | VENTES - DANIEL FÉAU 17 EME - PARIS XVII E 129 | VENTES - DANIEL FÉAU NEUILLY - NEUILLY-SUR-SEINE 141 | VENTES - DANIEL FÉAU BOULOGNE - BOULOGNE-BILLANCOURT & ISSY-LES-MOULINEAUX 150 | VENTES - DANIEL FÉAU SAINT-CLOUD - SAINT-CLOUD ET OUEST PARISIEN 156 | VENTES - DANIEL FÉAU PROVENCE - AIX-EN-PROVENCE, LUBERON, ALPILLES & VAR

166 | VENTES - BELLES DEMEURES DE FRANCE CHÂTEAUX - FRANCE 172 | LOCATIONS - DANIEL FÉAU LOCATION - PARIS ET OUEST PARISIEN 178 | VENTES - BELLES DEMEURES DE FRANCE - INTERNATIONAL

180 | ÉVASION

SAINT-BARTHÉLEMY, LA RENAISSANCE

192 | DANIEL FÉAU & BELLES DEMEURES DE FRANCE 192 | BEAUX APPARTEMENTS & HÔTELS PARTICULIERS 194 | FÉAU COMMERCIALISATION 196 | NOS AGENCES

COMMENT LIRE UN FLASH CODE : SUR VOTRE SMARTPHONE, OUVRIR L’APPLICATION « APPAREIL PHOTO » ET VISER LE FLASH CODE. UNE NOTIFICATION APPARAIT VOUS PROPOSANT D’ACCÉDER AU SITE WEB DANIEL FÉAU. APPUYER SUR LA NOTIFICATION POUR DÉCOUVRIR NOTRE SÉLECTION DE BIENS IMMOBILIERS.

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UNE FEMME À LA TÊTE DE CHRISTIE’S FRANCE Après avoir passé dix ans chez Sotheby’s, elle vient de prendre la direction de la maison de ventes Christie’s France. Une nomination qui annonce une nouvelle ère. Par Eric Jansen Cécile Verdier

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Le Parc des Princes, de Nicolas de Staël, 1952. Lot vedette de la vente du 17 octobre 2019.

O n l’avait quittée rouge de bonheur et de confusion après les chaleureux remerciements que lui avait adressés Jacques Grange. C’était en novembre 2017 et le décorateur pouvait être ravi : la vente de sa collection estimée autour de 10 millions avait fait plus de 28 millions d’euros. Un succès auquel il associait bien naturellement Cécile Verdier. Durant près d’un an, elle l’avait accompagné, devançant ses désirs, le conseillant parfois, faisant tout pour que sa collection soit perçue comme il le souhaitait. « Accompagner quelqu’un qui vend, c’est entrer dans son mental, comprendre exactement ce qu’il attend et ensuite fédérer une maison autour. » La maison en l’occurrence s’appelle alors Sotheby’s… Quelques mois plus tard, Christie’s démarche Cécile Verdier. « Ils m’ont fait une proposition qu’il était difficile de refuser. Cela faisait dix ans que j’étais chez Sotheby’s, j’y étais très heureuse, mais je ne voyais pas comment évoluer. Et puis, c’était comme revenir à mes premiers amours. » Car en 1997, la jeune commissaire-priseur faisait ses premiers pas chez Christie’s. La maison de ventes n’a pas encore le droit d’officier en France. Cécile

Cécile Verdier A woman at the head of Christie's 6.2.89, de Zao Wou-Ki, 1989.

had a good reason to be delighted: the sale of his collection which had been estimated at around 10 million had achieved over 28 million euro. A remarkable success which he naturally attributed to a large extent to Cécile Verdier. For almost a year she had accompanied him, anticipating his desires, sometimes advising him, and doing everything possible in order to present his collection exactly the way he

After ten years at Sotheby's, she has just taken over the management of Christie's France. An appointment announcing a new era. By Eric Jansen We remember her blushing with pleasure as Jacques Grange heaped effusive praise on her. It was November 2017 and the decorator

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wanted. “Accompanying a seller one needs to get into his or her mind, to understand exactly what they are expecting, and to finally bring everything together under the same roof.” In this case, the house below the roof was Sotheby's… A few months later Cécile Verdier was approached by Christie's. “They made me an offer that was hard to refuse. I had been with Sotheby's for ten years, and although I was very happy with them I didn’t see how I was going to evolve. Also, it was a bit like going back to my first sweetheart.” For back in 1997 the young auctioneer had taken her first steps at Christie's. At the time the auction house had not yet been granted the right to operate in France, and Cécile Verdier got to learn the tricks of the trade in London. A short time later got to grip with the auctioneer’s hammer for a memorable auction. “I remember the Delbée-Jansen sale in December 1999 in Monaco, and then the sale of Karl Lagerfeld’s eighteenth century furniture.” In 2001, Christie's opened in Paris with the sale of the Charles-Otto Zieseniss collection. “François Pinault was in the third row and he gave me a wink of encouragement when the sale was struggling at the start.” Her close relationship with the auction house’s owner dates back to those early days and today it is an immense pleasure for her to meet up with him again. “His presence is a major factor. He gave the Paris office the means by which it could really develop.” From the inventory department Cécile Verdier subsequently moved on the 20 th century decorative arts department. Her passion. She had some memorable moments, such as in 2006 when the Claude and Simone Dray sale achieved 50 million... However, the remarkable Yves Saint-Laurent and Pierre Bergé sale in 2009 passed her by: two years earlier, Sotheby's had offered her the chance to manage their twentieth century decorative arts department. “I met Guillaume Cerruti and it was clear from the word go that we were totally on the same wavelength.” Ten years later he became the CEO of Christie's, and this was to be a significant contributory factor in Cecile’s decision to return... Although this brilliant woman with a glint in the eye and a communicative enthusiasm is evidently keenly head-hunted, it was with typical modesty that her first words were for her team and for all of the house experts who she wants to put in the limelight in order to continue the development of Christie's. A symbol of this new era, the former art gallery at the corner of rue de Ponthieu and rue Matignon has just been acquired in order to be transformed into a reception area to welcome clients. “Customer service is also among our absolute priorities.”

Mousquetaire, de Pablo Picasso, 1967.

Verdier se familiarise avec les arcanes du métier à Londres, avant de tenir le marteau pour des enchères qui la marqueront. « Je me souviens de la vente Delbée-Jansen en décembre 1999 à Monaco, puis celle du mobilier XVIII e de Karl Lagerfeld. » En 2001, Christie’s ouvre à Paris, avec la collection de Charles-Otto Zieseniss. « François Pinault était au troisième rang et me faisait des clins d’œil pour me soutenir quand ça ne décollait pas. » Sa relation très amicale avec le propriétaire de la maison date de cette époque et elle le retrouve aujourd’hui avec plaisir. « Sa présence change tout. Il a vraiment donné au bureau de Paris les moyens de se développer. » Entre temps, des inventaires Cécile Verdier est passée au département Arts Décoratifs du XX e siècle. Sa passion. Elle y connaît de grands moments de joie, comme quand en 2006, la vente Claude et Simone Dray fait 50 millions… En revanche, elle ne profitera pas du succès de celle d’Yves Saint-Laurent

et Pierre Bergé en 2009 : deux ans plus tôt, Sotheby’s lui a proposé d’être la patronne de son département Arts Décoratifs du XX e siècle. « J’ai rencontré Guillaume Cerruti et ça a été une évidence, nous étions absolument sur la même longueur d’onde. » Dix ans plus tard, il est devenu le directeur général de Christie’s et il n’est pas pour rien dans le retour de Cécile… On l’aura compris, cette femme brillante, à l’œil qui pétille et à l’enthousiasme communicatif, est très courtisée. Mais ses premiers mots ont été pour son équipe et tous les experts de la maison qu’elle souhaite mettre beaucoup plus en avant, afin de poursuivre le développement de Christie’s. Symbole de cette nouvelle ère, la galerie d’art qui faisait l’angle entre la rue de Ponthieu et la rue Matignon vient d’être rachetée, afin d’être transformée en espace où seront accueillis les clients. « Le service est également au centre de nos préoccupations. »

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Esprit Art déco Dans le XVI e arrondissement, face à la tour Eiffel, Groupama Immobilier vient de réhabiliter un bel immeuble des années 1930. Non seulement le résultat est d’une grande élégance, mais un service de conciergerie en fait une adresse unique. Par Eric Jansen A rletty a vécu là de nombreuses années, mais avec le temps le bel immeuble construit par Louis et Georges Marnez

de gamme, a tout de suite vu le potentiel de cet ensemble typiquement Art déco, situé dans un quartier très prisé, car non seulement de nombreux appartements y jouissent d’une vue sur la tour Eiffel, mais à quelques pas de là se trouvent des écoles réputées. L’idée de la réhabilitation menée par Stéphanie Hansford, responsable de l’asset management chez Groupama Immobilier, était donc de conserver

l’esprit d’une époque à l’esthétique élégante et d’imaginer des appartements familiaux. L’architecte Mathieu Ugolini, de l’agence ART QAD, a brillamment rempli ce contrat. Dès l’entrée, la magie opère : le hall est lumineux et les éléments décoratifs Art déco sont déclinés, sans surcharge, entre évocation historique et regard contemporain. Pour le visiteur, le charme opère immédiatement, surtout quand il aperçoit

entre 1935 et 1938 avait besoin d’un sérieux lifting. L’imposante façade, qui se dresse entre la rue Raynouard, l’avenue Marcel-Proust et l’avenue du Parc-de-Passy, faisait grise mine. Groupama Immobilier, qui depuis quelques années recentre son patrimoine dans le haut

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Stéphanie Hansford, Mathieu Ugolini, Valérie Genthial, Anne-Sophie Cantaloube

Although Arletty lived here for many years, with the passing of time this fine building built by Louis and Georges Marnez between 1935 and 1938 nonetheless needed a serious facelift. The imposing facade set between rue Raynouard, avenue Marcel-Proust and avenue Parc- de-Passy was in a sorry state. Groupama Immobilier, who has over the past few years concentrated on luxury real estate, immediately saw the potential of this typical Art Deco ensemble located in a keenly sought-after neighbourhood, not only near renowned schools but also with many apartments enjoying views of the Eiffel Tower. The idea to renovate the ensemble was driven by Stéphanie Hansford, Groupama Immobilier's asset management director, and the project was to create family apartments while preserving the building's period elegance and charm. Architect Mathieu Ugolini of the ART QAD agency unquestionably succeeded in his mission. As soon as one enters the building the magic begins: the bright entrance hall highlights historic Art Deco elements while benefiting from an overall more contemporary style. The visitor sees through wide bay windows a wide terrace, a water feature and the Eiffel Tower... In the apartments the same balance between

period charm and contemporary comfort is respected. “The floor plans and the rooms have been restructured in order to satisfy the requirements of modern families” explains Mathieu Ugolini. And this quest for perfection has gone yet further, insists Valérie Genthial, Groupama Immobilier's residential real estate manager. “A concierge service worthy of a plush hotel is available to satisfy the requirements and wishes of the building's privileged residents. Seeing the concierge service in the lobby, some may feel that they are thousands of kilometers away in New York... This not only lends a certain chic, it also needless to say gives residents a feeling of total security”. The building also benefits from a redesigned and user-friendly car park, a function room that is available for rental, a kitchen, a fitness room, a DIY workshop, and even a suite that may provide occasional accommodation for the mother in law… for example! A rare quality of services in Paris, dear nonetheless to Groupama Immobilier who are convinced that such services should be, and shall become, a must for luxury buildings. Arletty would have loved it. 29, 31 et 33 rue Raynouard Paris 16 th District Find the properties for sale on page 117 and on www.danielfeau com

par la baie vitrée une large terrasse, un miroir d’eau et la tour Eiffel… Dans les appartements règne ce même parfait dosage entre références stylistiques et façon de vivre actuelle. « Le plan, la circulation, la taille des pièces, tout a été repensé pour qu’une famille s’y épanouisse sereinement » explique Mathieu Ugolini. Et cette préoccupation a été poussée plus loin, insiste Valérie Genthial, Directrice Immobilier Résidentiel de Groupama Immobilier : « Ainsi, un concierge façon grand hôtel est là pour répondre à tous les besoins. Quand on le découvre dans le hall, on a l’impression d’être à New York. Cela confère immédiatement un certain chic et inutile de dire que sa présence assure une grande sécurité ». En plus du parking qui a été complètement repensé pour le rendre le plus chaleureux possible, l’immeuble possède également une pièce qui peut être louée pour une fête, une cuisine, une salle de sport, un atelier bricolage et même une suite pour loger belle-maman au cas où… Une notion de service rarissime à Paris, mais chère à la philosophie de Groupama Immobilier qui est convaincu que dans le futur ces prestations seront obligatoires pour des biens qualifiés de haut de gamme. Arletty aurait adoré. 29, 31 et 33 rue Raynouard Paris 16 e Retrouvez les biens à vendre en page 117 et sur www.danielfeau.com

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En phase avec l'époque Ambassadeurs d’un design qui flirte avec l’œuvre d’art, ils fêtent les 20 ans de leur galerie, où leurs poulains des débuts sont devenus des stars. Par Eric Jansen Clémence et Didier Krzentowski

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Exposition consacrée à Erwan et Ronan Bouroullec, en 2005.

N e cherchez pas à prononcer leur nom, tout le monde y a renoncé depuis longtemps. On les appelle les Kreo, comme leur galerie qui depuis 1999 est l'adresse incontournable des amateurs d’un design pointu, intellectuel, certains diront élitiste. Mais si Kreo est le diminutif de Krzentowski, « cela veut dire aussi création en esperanto... » C’est dire si ce couple de passionnés pense à tout. Visionnaire, il commence par fonder en 1992 une agence dont le but est de mettre en rapport des designers et des industriels, afin d'élaborer ensemble des objets. Martin Szekely travaille ainsi avec Perrier, Marc Newson et les Bouroullec avec Ricard... À l'époque, ces noms ne sont pas encore connus du grand public. Ce sont aujourd'hui des stars ! Sept ans plus tard, Didier et Clémence ouvrent une première galerie rue Louise-Weiss, à côté de leur ami Emmanuel Perrotin. L’art contemporain a commencé à entrer dans une course folle et ils vont profiter de cet appel d’air. Car leur positionnement est rapidement en parfaite osmose avec le goût de l’époque. En se spécialisant dans la production en série limitée de pièces de designers « à l'écriture

Clemence and Didier Krzentowski In tune with their time

rapidly positioning themselves in perfect osmosis with what was hottest at the time. Specializing in a limited edition production of “uncompromising and remarkable designer pieces”, their creations attained a near art-work status... Collectors keenly snapped up their numbered works which, as an additional incentive, also went so well with the Christopher Wool and Murakami paintings they exhibited alongside. Ronan and Erwan Bouroullec were rapidly joined by other designers such as Jasper Morrison, Pierre Charpin and Konstantin Grcic. Soon they were twenty or so expressing their creativity entirely without constraint. “We are talking more about creators than designers” says Clémence, who however goes on to add “I will always recognise a difference between a sculpture and a chair. We never lose sight of the function of the piece.” In 2008 their success allowed them to settle into a beautiful space in rue Dauphine. Here they could highlight their atypical pieces, too original or too expensive for large furniture retailers to produce. At the same time they were also exhibiting at the major global fairs: Art Basel, Miami Design, Tefaf Maastricht, Tefaf New York, PAD London,

Ambassadors of design that flirts with works of art, they are celebrating the 20 th anniversary of their gallery which has turned protégés into stars. By Eric Jansen Don’t try to pronounce their surname, everyone gave up years ago. They are just known as the Kreo, the name they gave to their gallery in 1999… an essential address for lovers of sharp, intellectual, and some may say elitist design. Kreo, the diminutive of Krzentowski, “also means creation in Esperanto...” This passionate duo don’t miss out on a trick. Visionaries, they founded in 1992 an agency with the aim to connect designers and industry, working on their ideas together. At the time this was how Martin Szekely was working with Perrier, while Marc Newson and the Bouroullecs were doing the same with Ricard... However at the time, these were names unknown to the general public whereas today they are stars! Seven years later Didier and Clémence opened their first gallery in rue Louise-Weiss next to their friend Emmanuel Perrotin. Interest in contemporary art was growing and they were to take advantage of this,

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Les créations d’Hella Jongerius exposées en 2009.

Les pièces iconiques de Marc Newson, en 2002.

Collection « Volumes » conçue par Konstantin Grcic, en 2018.

and of course the FIAC... Over the years Kreo became a reference, with some renowned clients sharing their admiration with the press and thus amplifying the phenomenon. If François Pinault, Karl Lagerfeld or Azzedine Alaïa were to push open the door of their gallery, it is most certainly not because they have got the wrong address. In 2014, a second gallery was opened in London where “we have many international customers.” They were recently joined by the artistic director of Vuitton Homme, Virgil Abloh, a somewhat surprising and “highly fashionable” choice it may initially appear. However they go on to explain. “A trained architect, he has designed a collection of 25 concrete and steel pieces, and these shall be kept”. It would be rash to question their judgment. After all, so far they have never got it wrong.

particulière et sans compromis », ils donnent à leurs créations un statut d'œuvre d'art ou presque... Les collectionneurs sont vite séduits par ce « mobilier » numéroté qui a une dimension en plus, il fonctionne si bien avec leurs toiles de Christopher Wool et de Murakami. Ronan et Erwan Bouroullec ont été rapidement rejoints par d'autres designers, comme Jasper Morrison, Pierre Charpin ou Konstantin Grcic. Ils sont bientôt une vingtaine à pouvoir créer sans aucune contrainte. « Nous parlons d’ailleurs plus de créateurs que de designers », commente Clémence qui nuance toutefois : « Mais je ferai toujours la différence entre une sculpture et une chaise. Nous ne perdons jamais de vue la fonction. » En 2008, leur succès leur permet de s’installer dans un bel espace rue Dauphine où ils peuvent mettre en scène leurs pièces atypiques, trop originales ou trop chères à produire pour les grandes firmes d'édition de meubles. Parallèlement, ils enchainent les foires, Art Basel, Miami Design, Tefaf

Maastricht, Tefaf New York, PAD London, sans oublier la Fiac… Au fil des années, les Kreo deviennent une référence. D'autant que certains noms de clients sortent dans la presse et amplifient le phénomène. Si François Pinault, Karl Lagerfeld ou Azzedine Alaïa poussent la porte de leur galerie, c'est qu'ils ne se trompent sans doute pas dans leur choix. En 2014, une nouvelle étape est franchie avec l’ouverture d’une seconde galerie à Londres. « Nous y avons beaucoup de clients internationaux. » Dernier poulain à rejoindre l’écurie, le directeur artistique de Vuitton Homme, Virgil Abloh. Quand on s’étonne de ce choix « très mode », ils se récrient : « Il est architecte de formation et il a dessiné une collection de 25 pièces en béton et acier, qui resteront. » On peut leur faire confiance. Jusqu’à présent, ils ne se sont jamais trompés.

Galerie Kreo 31 rue Dauphine Paris 6 th District Tel: +33 (0)1 53 10 23 00 - www.galeriekreo.fr

Galerie Kreo 31 rue Dauphine Paris 6 e Tel : 01 53 10 23 00

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Le passé recomposé De la place de la Concorde à l’Auvergne, en passant par le Marais, ces décorateurs enchainent les chantiers où l’histoire a le premier rôle. Par Eric Jansen Joseph Achkar et Michel Charrière

Joseph Achkar and Michel Charrière Recreating the past

From Place de la Concorde to the Auvergne via the Marais, these decorators undertake projects in which history is the major player. By Eric Jansen For many years they worked in the utmost discretion with only a privileged few knowing where to actually find them. In 2000, Joseph Achkar and Michel Charrière embarked upon on a colossal project: reviving the historic Hôtel de Gesvres which had become a bank’s head office... Today, the seventeenth century building seems to have survived the passing of time totally unblemished. Parquet flooring, mouldings, fireplaces, furnishings, paintings… nothing is missing and yet almost all have been reconstructed. “We must be in total harmony with where we are, for the contents must fit the container,” says Joseph Achkar who with his partner has also renovated a magnificent palace in Jubayl, known historically as Byblos. Despite being somewhat out of sync with current trends, the duo remains totally committed to their style. Today, contemporary style reigns supreme and references to the past are rarely tolerated unless they are associated with a certain eclecticism... Joseph Achkar and Michel Charrière don’t care in the slightest if they are considered unfashionable. If proof were needed, take a look at their new case of love at first time: Ravel Castle in Auvergne. This 13 th century fortress had over the years been transformed into a refined residence, but when they acquired it in 2014, “the boat was sinking”. They undertook the colossal project to save it. “A lifework.” Don’t be fooled into thinking that they are alone in believing in their daunting, some may even say crazy, projects which lie somewhere between philanthropy and aesthetic dream. Philippe Bélaval, president of the “Centre des monuments nationaux” has entrusted them with the restoration of the Hôtel de la Marine, a renowned and iconic building located

L ongtemps ils ont travaillé dans la plus grande discrétion. Seuls quelques privilégiés connaissaient leur incroyable adresse à Paris. En 2000, Joseph Achkar et Michel Charrière se lançaient dans un chantier colossal : redonner vie à l’hôtel de Gesvres qui était devenu le siège d’une banque… Aujourd’hui, le bâtiment du XVII e siècle semble avoir traversé le temps sans le moindre outrage. Parquets, moulures, cheminées,

mobilier, tableaux, rien ne manque et pourtant tout a été apporté, recomposé. « Il faut aller dans le sens d'un lieu, le contenu doit être en accord avec le contenant », explique Joseph Achkar qui s’est aussi aménagé avec son compagnon un palais à Byblos digne d’un conte oriental. Un total look que le duo de décorateurs revendique, même si ce positionnement n’est pas dans l’air du temps. Aujourd’hui, le contemporain règne en maître

22

À Paris, le duo a entièrement reconstitué un décor du XVIII e siècle.

En Auvergne, ils se sont lancés dans la réhabilitation d’un château au passé prestigieux.

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Détail de boiseries.

at Place de la Concorde. An immense and exhilarating project, for the site covers some 12,000 square metres. “Since the eighteenth century the building’s rooms have been occupied by Naval staff, and they have remained practically in their original state. The decor is intact, although it has over the years been repainted a dozen or so times. We have renovated the original colours and are now trying to find the furnishings that were once there.” A rigor that has also convinced designer Hervé van der Straeten, somewhat surprisingly considering the latter’s contemporary creative style. With his friend Bruno Frisoni he has acquired an extensive apartment in a private mansion located in the Marais, and in order to undertake its restoration they have called upon Joseph Achkar and Michel Charrière. “The living space had been completely transformed, there was a kitchen in the middle of the main room… in short it was a massacre.” The decorators got to work, discovered a seventeenth century painted ceiling and recreated the apartment’s partition walls. “We told Hervé and Bruno that we would restore the property by the book, and that they could then add modern comfort.” A project that was approved by all concerned. The duo had just completed their work when a new project took them to Morocco. A couple of Swiss collectors asked them to create the “Musée des Arts de la Parure” in Marrakesh, but this time the building was to be totally new. A challenge? “Not at all, we are also contemporary but are less well known for it. We once had a client who wanted a Louis XVI style in a tower in Beirut… we explained that it was not possible and created a modern decor. As we always say: beauty is not all exclusive, it has to be right.”

A Byblos, leur palais est digne d’un conte oriental.

et les références au passé ne sont tolérées que si elles s’intègrent à un certain éclectisme… Joseph Achkar et Michel Charrière s’en moquent, ils sont hors mode. Pour preuve, leur nouveau coup de cœur : le château de Ravel en Auvergne. Une forteresse du XIII e siècle qui s’est transformée au fil des ans en résidence raffinée, mais quand ils l’achètent en 2014, « le paquebot coulait ». Ils entreprennent alors de le sauver. « L’œuvre d’une vie. » Ne pas croire pour autant que leur folie, entre philanthropie et rêve d’esthète, ne soit pas partagée par certains. Ainsi, c’est à eux que Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux, a confié la restauration de l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde. Un projet d’envergure, le site fait 12.000 mètres carrés, et grisant. « Depuis le XVIII e siècle, les pièces n’ont pas bougé car elles étaient occupées par l’état-major de la Marine. Leur décor est resté intact, il a simplement été repeint une dizaine de fois. Nous avons mis à jour les couleurs d’origine et essayons de retrouver les meubles qui étaient là. » Une rigueur qui a aussi convaincu le designer Hervé van der Straeten, pourtant fer de lance de la création contemporaine.

Avec son ami Bruno Frisoni, ils ont acheté un vaste appartement dans un hôtel particulier du Marais, et pour sa restauration ils ont fait appel à Joseph Achkar et Michel Charrière. « Les proportions avaient été complètement transformées, il y avait une cuisine au milieu de la pièce principale, un massacre. » Les décorateurs font alors des sondages, retrouvent un plafond peint du XVII e siècle et remontent les cloisons en fonction. « Nous avons dit à Hervé et Bruno : on restaure la maison dans les règles de l’art et vous, ensuite, vous apportez la modernité. » Le message est reçu cinq sur cinq. L’écrin vient à peine d’être livré qu’un nouveau projet les appelle à Marrakech. Un couple de collectionneurs suisses leur a demandé de réaliser le Musée des arts de la parure, mais cette fois, le bâtiment est totalement neuf. Un challenge ? « Non, nous faisons aussi du contemporain, mais nous sommes moins connus pour cela. On a eu des clients qui voulaient du Louis XVI dans une tour à Beyrouth, nous leur avons expliqué que ce n’était pas possible et nous leur avons fait un décor moderne. Comme nous disons toujours : il ne suffit pas de faire beau, il faut faire juste. »

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La fée de la décoration Ses créations inspirées par la nature apportent de la poésie à un intérieur. Pièces uniques, elles séduisent aussi les collectionneurs. Ce qu’a bien compris Aline Chastel qui l’expose dans sa galerie. Par Eric Jansen Joy de Rohan Chabot

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D ’habitude chez Aline Chastel, les meubles sont signés Jean Royère, Serge Roche, Jean-Charles Moreux. La création contemporaine n’est pas représentée dans la galerie, à l’exception de celle de Marianna Kennedy. Mais un coup de foudre a brusquement bouleversé les choses. « J’ai été charmée par l’univers onirique de Joy », explique-t- elle. Rien d’étonnant à cela : Joy de Rohan Chabot est une fée. Elle en a la gentillesse, la délicatesse, et surtout elle possède une baguette magique capable d’embellir le quotidien. À ses côtés, la vie est légère, harmonieuse et gaie. La nature est son univers, et comme une fée, elle semble sortir d’une forêt, d’ailleurs son atelier en Auvergne est entouré d’arbres. Elle y façonne des chaises Pensée, des lanternes Hibou, des miroirs Lézards, des tabourets Elfe, autant de créations originales, autant d’évocations d'une nature réinventée, joyeuse et poétique. Certains se souviennent des 150 papillons qui avaient Paravent « L’Ombre et la lumière ».

Chaise « Les feuilles d’Or ».

Joy de Rohan Chabot The decoration fairy

envahi la façade et la cour d’honneur du château d’Haroué lors d’une exposition en 2014. Tous réalisés par la main de l'artiste. Car la magie a ses limites : derrière chaque pièce il y a un travail long et minutieux. Joy découpe elle-même le métal, peint la tôle, taille le bois, polit le verre. « Je suis artiste, pas designer. Et je fais des sculptures, pas des meubles », précise-t-elle dans un sourire. Une particularité qui se transforme parfois en esclavage car la demande ne cesse d’augmenter. « Il faudrait que j’arrive à déléguer, mais j’ai beaucoup de mal. » La rançon d’un succès qui n’a fait que croitre depuis cette exposition de 1990 à Bagatelle où le grand public découvrait son travail. Entrée dès l’âge de dix- sept ans dans une école d’art, Joy avait commencé par peindre des tableaux de façon traditionnelle, puis était partie en Chine apprendre la technique de la laque, « pour faire des paravents dans le goût de Dunand », avant d’être embauchée par Régine pour décorer ses boites de nuit !

Inspired by nature, her creations bring a poetic touch to an interior. Her unique pieces are keenly sought-after by collectors, and, fully aware of her appeal, Aline Chastel exhibits her works in her gallery. By Eric Jansen Furnishings exhibited by Aline Chastel are generally the work of Jean Royère, Serge Roche or Jean-Charles Moreux. With the exception of Marianna Kennedy, contemporary creation is not represented in the gallery. But love at first sight can suddenly turn things upside down. “I was enchanted by Joy's dream world,” she says. No wonder: Joy de Rohan Chabot could well be a fairy. She has the kindness, the delicacy and above all a magic wand that brings a sparkle to everyday life. At her side life seems serene, harmonious and irrepressibly cheerful. Nature is her universe and, like a fairy, she would appear

Guéridons « Sous-bois d’Eté ».

Boîte « Le Secret ».

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to have emerged from a forest. It comes as no surprise to see that her studio in Auvergne is surrounded by trees... Her Pansy chairs, Owl lanterns, Lizard mirrors and Elf stools are original creations evocative of reinvented, joyful and poetic nature. Many remember the 150 butterflies that settled on Haroue Castle’s facade and courtyard during an exhibition in 2014. All were handmade by the artist. Sadly even magic has its limits: behind each piece is hours and hours of meticulous work. Joy cuts and paints the sheets of metal, saws the wood and polishes the glass. “I’m an artist, not a designer. And I make sculptures, not furniture”, she adds with a smile. As demand continues to increase her workload has become particularly demanding. “Though I should be able to delegate, I don’t find it easy.” Success has blossomed since her 1990 Bagatelle exhibition introduced the general public to her work. When she entered art school at the age of seventeen, Joy began painting in the traditional way before going to China to learn the lacquer technique “to make Dunand-style screens.” She was subsequently hired by Régine to decorate her nightclubs! Orders from Texas and Japan flowed in, and she started working on pieces for Lanvin. The 100,000 visitors to the Bagatelle Orangery made her famous. Doris Brynner, charged with Dior’s home department, one day bought a salad bowl, and subsequently ordered table sets and Papillon candle stands. “A relationship that lasted over twenty years.” Since Cordelia de Castellane succeeded Doris orders have kept coming: Milly-la-Foret mirrors, Muguet vases, and twice yearly, a 24-piece dinner service sold as a work of art. “The last was named Monsieur Dior's Garden.” Need it be said, this summer the little fairy has been very busy as she also had to complete fifteen pieces which had been promised to Aline Chastel. With pedestal tables in the shape of tree trunks, candelabras adorned with leaves, and a vase decorated with snakes, the exhibition is entitled “The Dream Catcher”... “Because each object is an invitation to look behind the mirror.” Joy in Wonderland.

La lanterne « Clair de Lune », très représentative de l’univers onirique de Joy.

S’en suivront des commandes au Texas, au Japon, et la réalisation de premiers objets pour Lanvin. Les 100.000 visiteurs de l’orangerie de Bagatelle lui apportent la notoriété. Doris Brynner qui s’occupe du département maison chez Dior lui achète un jour un saladier, puis lui fait faire des services de table, de grands photophores Papillons. « Une relation de plus de vingt ans. » Et qui n’est pas prête de s’arrêter car Cordelia de Castellane, qui a succédé à Doris, a intensifié les commandes : miroirs Milly- la-forêt, vases Muguet, Joy enchaine les coups de pinceau, et deux fois par an, livre un service de 24 couverts, vendu comme une œuvre d’art. « Le dernier s’appelait Le

Jardin de Monsieur Dior. » Inutile de dire que cet été, la fée n’a pas chômé car elle a aussi dû réaliser la quinzaine de pièces promises à Aline Chastel. Guéridons en forme de tronc d’arbre, paire de candélabres à décor de feuilles, vase orné de serpents, l’exposition s’intitule L’Attrape-rêve… « Parce que chaque objet est une invitation à aller voir derrière le miroir. » Joy au pays des merveilles.

Galerie Chastel-Maréchal: 5 rue Bonaparte Paris 6 th District Tel: +33 (0)1 40 46 82 61 www.chastel-marechal.com From November 22 nd

Galerie Chastel-Maréchal : 5 rue Bonaparte Paris 6 e Tel : 01 40 46 82 61 www.chastel-marechal.com À partir du 22 novembre

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D ’or et de pierres. C’est le titre qu’a choisi Marie-Hélène de Taillac pour le beau livre qu’elle publie chez Rizzoli. Un titre sobre et poétique, qui lui ressemble et qui évoque bien son univers. Quand elle s’est lancée dans la création de bijoux en 1996, son positionnement a tout de suite été celui du luxe sans ostentation. Si elle affirme déjà un goût immodéré pour les pierres de couleurs - saphir, rubis, améthyste, émeraude, tourmaline, aigue- marine -, elle les sertit d’un sobre jonc d’or 22 carats. Ses créations sont multicolores, mais pas question de verser dans le kitsch. Elle revient alors d’un voyage en Inde où elle a eu une véritable révélation. La découverte des ateliers du Gem Palace à Jaipur a relancé le désir qu’elle avait, adolescente, de créer des bijoux. « Mon livre préféré était La Vallée des rubis, de Kessel. » Un rêve qu’elle avait commencé à réaliser à Londres, aux côtés de Nicky Butler, puis de Dinny Hall, avant de se consacrer à la mode, en travaillant avec le couturier Victor Edelstein et le modiste Philip Treacy. Ce n’est plus le swinging London, mais la capitale britannique bouillonne. Elle croise Boy George, Alexander McQueen, Diana… « Je me suis beaucoup amusée. » Toutefois, après une dizaine d’années, elle décide de tourner la page et de se lancer. Dès sa première collection, c’est le succès. À l’époque, personne ne propose ce genre de bijoux simples, épurés, bariolés, aux allures de bonbons. Colette et Barneys passent commande aussitôt. Les Japonaises en raffolent et Marie-Hélène ouvre sa première boutique à Tokyo en 2003, suivie par Paris un an plus tard, puis par New York. Au fil des années, elle étend son domaine de création, s’intéresse aux perles qu’elle pique de spinelles, dessine de petits perroquets de jade ou des tortues en or et opale. Deux fois par an, au moment des défilés de prêt-à-porter à Paris, elle présente une nouvelle collection. Une vingtaine de pièces qu’elle est allée réaliser dans des ateliers indiens. La prochaine déclinera le

Hymne à la couleur Elle a été la première à imaginer des bijoux multicolores où la sobriété de la monture en or met en valeur la beauté de la pierre. La signature d’un luxe discret, élégant et intemporel. Par Eric Jansen Marie-Hélène de Taillac

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Kessel's Valley of the Rubies.” A dream that had began in London working alongside Nicky Butler and then Dinny Hall, before devoting herself to fashion working with designer Victor Edelstein and milliner Philip Treacy. It may no longer have been swinging London, but the British capital was nonetheless bubbling. She met Boy George, Alexander McQueen and Princess Diana ... “I had lots of fun.” After a decade however, she decided to turn the page and take the plunge. From her first collection on, success was immediate. At the time nobody was offering this kind of simple, purified, colourful and candy- like jewellery. Colette and Barneys ordered immediately. The Japanese went crazy, and Marie-Hélène opened her first shop in Tokyo in 2003. This was followed by Paris a year later and then New York. Over the years she expanded her creative field, creating pearls pinned with spinel and designing little jade parrots as well as gold and opal turtles. Twice yearly, at the time of the capital’s ready-to-wear shows, she presents a new collection. Twenty pieces created in Indian workshops. The next collection will decline the theme of the rainbow. The rest of the year, she searches stones across the globe. Her passion. “I imagine myself as a treasure seeker. For me, nature creates true beauty.” Ines de La Fressange, who contributed a delightful text to the book, finds that Marie-Hélène de Taillac's jewellery has a “childlike freshness”, and praises the art of “staying young without being pretty-pretty, creating luxury without ostentation, and being precise without being laborious.” She hits it on the nail. These two Parisians sharing the same impeccable style also share the same definition of refinement: subtle, discreet, and always with just a hint of casualness. Marie-Helene de Taillac: 8 rue de Tournon Paris 6 th District Tel: +33 (0)1 44 27 07 07 www.mariehelenedetaillac.com and www.rizzoliusa.com

Bagues Cabochon, 1997. Or, tourmaline, citrine, grenat, péridot, aigue-marine.

Bagues Gabrielle, 2017. Or, saphirs, sphène. Bague Toi et Moi, 2002. Or et spinelles. (ci-dessous)

Marie-Hélène de Taillac An anthem to colour

thème de l’arc- en-ciel. Le reste de l’année, elle arpente la planète à la recherche de pierres. Sa passion. « Je m’imagine comme une chercheuse de trésor. Pour moi, le plus beau, c’est ce que crée la nature. » Ines de La Fressange qui signe un très joli texte dans le livre trouve que les bijoux de Marie-Hélène de Taillac ont une « fraicheur enfantine ». Et de vanter cet art de « rester juvénile sans être mièvre, luxueux sans être ostentatoire, précis sans être laborieux. » C’est exactement cela. Une formule qui ne peut que lui parler. Ces deux Parisiennes au style impeccable partagent la même définition du raffinement : léger, discret, avec toujours un soupçon de désinvolture.

She was the first to imagine multicoloured jewels with the sobriety of a gold setting highlighting the beauty of the stone. Discreet, elegant and timeless luxury. By Eric Jansen “Gold and stones” is the title chosen by Marie- Hélène de Taillac for the superb book she has published with Rizzoli. A sober and poetic title, much like her and her universe. When she started creating jewellery in 1996 her objective was to create unpretentious luxury. Passionate about coloured stones - sapphires, rubies, amethyst, emeralds, tourmaline, aquamarine - she associated them with a sober 22 carat gold ring and, although her creations are multicoloured, they are however in no way kitsch. It was during a trip to India that she had a true revelation. The discovery of the Gem Palace workshops in Jaipur had revived her teenage desire to create jewellery. “My favourite book was

Marie-Hélène de Taillac : 8 rue de Tournon Paris 6 e Tel : 01 44 27 07 07 www.mariehelenedetaillac.com et www.rizzoliusa.com

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Toujours en avance sur son temps Dans les pas d’André Courrèges, l’homme du futur, Coqueline continue à se préoccuper de la terre et des humains. Par Eric Jansen Coqueline Courrèges

D e l’extérieur, rien ne laisse deviner l’incroyable univers de Coqueline Courrèges. La rue est sans doute l’une des plus calmes de Neuilly-sur-Seine. Mais quand la porte s’ouvre, c’est le choc : le soleil inonde un vaste jardin au fond

Coqueline Courrèges : In the steps of André Courrèges, the man of the future, Coqueline remains preoccupied by our planet and humanity. By Eric Jansen From the exterior nothing suggests that Coqueline Courrèges' universe is truly

duquel se dresse un atelier d’artiste. Tous les matins, Coqueline rejoint cet élégant cube de verre où André Courrèges se consacra à la sculpture et à la peinture jusqu’à la fin de sa vie. Là, entourée de son équipe polyvalente, elle poursuit un rêve : concevoir la voiture

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électrique de demain. « Avec 200 kilomètres d’autonomie et les modules de batteries qui se rechargent en cinq minutes. » La mode ne l’a jamais intéressé car comme disait André « la mode se démode » mais le futur qui a été le moteur de la création d’André Courrèges est toujours au centre de ses préoccupations. En 1968, alors que Paris manquait d’essence, elle avait fabriqué, pour lui faire une surprise, une voiture, Bulle translucide équipée d’une batterie au plomb que le couturier accueillit avec enthousiasme au défilé de juillet 1968. Entre ces deux-là, la complicité était totale. Depuis leur rencontre chez Cristobal Balenciaga, ils partageaient une même vision du monde ou plus exactement le même désir de le changer. Si le maître espagnol leur avait tout appris du métier, ils souhaitaient faire une haute couture plus en phase avec leur époque. La maison sera créée en 1961 et rapidement leur modernité fera mouche. La presse américaine surtout s’enthousiasme, Diana Vreeland en tête, puis la France suit. Malin et visionnaire, André Courrèges dessine des modèles qui deviennent des best-sellers, comme la fameuse robe trapèze, l’ensemble pantalon, les bottes plates, les collants seconde peau, la mini jupe. Révolutionnaires au départ, ses créations sont adoptées par une génération de femmes qui y trouvent liberté de mouvement et style. Des icônes comme Jackie Kennedy et Marella Agnelli popularisent cette esthétique forte, épurée, optimiste. Une esthétique qui dépasse le cadre de la mode. Le couple est sportif et souhaite promouvoir plus largement une façon de vivre. « André pouvait rajeunir les femmes, mais il fallait qu’elles fassent aussi un bout du chemin vers lui. » Un département Courrèges Design imagine des objets pour cette nouvelle société en train de naître : sac de golf, planche de surf, téléphone à touches… Le progrès est alors lumineux, coloré, joyeux. « C’est vrai que nous étions très gais à l’époque », se souvient Coqueline. Dans les années 1970, les boutiques se multiplient, le premier parfum Empreinte puis Eau de Courrèges sont des best-sellers internationaux. La success story va se prolonger jusqu’aux années 1980, puis la maison sera vendue, rachetée, vendue à nouveau… Mais pas question pour Coqueline de regretter quoi que ce soit. Avec son franc- parler légendaire, elle avoue : « Le métier est fini, c’est maintenant aux mains des financiers. » Toutefois, elle n’a pas renoncé à vouloir changer les mentalités - « le futur aujourd’hui, c’est l’énergie » -, suivant en cela la seule devise qui a guidé sa vie et celle d’André Courrèges : « Oser ! »

remarkable. The street is among the most peaceful in Neuilly-sur-Seine. However, when the gates open, a surprise awaits: the sunshine floods the extensive garden with an artist's studio at the bottom. Every morning, Coqueline heads for this elegant glazed cube where André Courrèges spent time painting and creating sculptures. Here, surrounded by her versatile team, she pursues a dream: to create tomorrow's electric car. “With an autonomy of 200 kilometers, and battery elements that can be recharged in 5 minutes.” Fashion had never really thrilled her for, to quote André, “fashion becomes unfashionable”, whereas the future which was always his driving force is constantly at the centre of her preoccupations. When in 1968 Paris was short of petrol, she constructed as a surprise for him a translucent “Bubble” car equipped with a little lead-acid battery - a creation that the couturier proudly displayed during his July show. The couple's complicity was total. Since their first encounter at Cristóbal Balenciaga’s fashion house, they had shared a common vision of the world, or more precisely of how they wanted to change it. Although their Spanish master had taught them all there was to know, they nonetheless wanted to bring haute couture more into phase with their time. They created their business in 1961 and their modern touch was an immediate hit. The press in the United States and notably Diana Vreeland were

enthralled, and France soon followed suit. A visionary, André Courrèges designed models that were to swiftly become best-sellers, such as the renowned “trapeze” dress, the trouser ensemble, flat-heeled boots, second- skin tights, the mini skirt. His revolutionary creations were adopted by a generation of women who loved their style and comfort. Iconic personalities such as Jackie Kennedy and Marella Agnelli also succumbed to their strength, purity and optimism. An aesthetic that broke the boundaries of fashion. Keen fitness enthusiasts, the couple wanted to promote a certain lifestyle. “André could rejuvenate women, but they had to make the first move towards him.” The “Courrèges Design” department imagined objects for this new age: golf bags, surf boards, digital telephones... the future was bright, colourful and joyful. “It's true that we were pretty happy at the time” recalls Coqueline. In the 1970's numerous boutiques were opened, and the “Empreinte” and “Eau de Courrèges” perfumes became international best-sellers. The success story continued until the 1980's when the company was sold, bought and sold once again... Coqueline however has no regrets. Plain speaking as usual, she admits: “It was over, now it's in the hands of financiers.” She has not however given up on her desire for change - “today the future is in energy” - following on with the word that drove her and André Courrèges’ lives: “Dare!”

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